Eva et Dorothy Taylor sont les dernières descendantes de la famille Harbottle-Taylor à être propriétaires du domaine Taylor à Cumberland.
Le fief Cumberland, partie de la seigneurie Aubin de l’Isle, est acquis par le conseiller législatif John Collins en 1782. Il est colonisé depuis 1790. Au début du 19e siècle, il accueille des familles anglaises et irlandaises.
Edouard Harbottle, aubergiste de la Pointe Lévy, l’acquiert en 1819. Le fief change de mains de 1823 à 1827 puis redevient la propriété d’Edouard Harbottle qui s’y crée un domaine de quatre ou cinq âcres. En 1840, il bâtit le manoir Harbottle. En 1847, il est le maître d’œuvre lors de la construction de l’église anglicane St. Paul de Cumberland, le plus vieux temple de pierres de la Beauce.
Son neveu Edouard Harbottle Taylor achète le domaine en 1867. En 1917, son frère Thomas John Taylor érige la résidence Taylor. Thomas John Taylor, marchand de café et d’épices à Québec, est né en 1854. Il épouse Sara Brachn. De cette union naissent Frank, Edgar, Fred, Dorothy et Eva. À sa retraite, Thomas John Taylor vend son magasin de Québec, s’installe à Cumberland et s’occupe du commerce des animaux. Il meurt en 1934, après avoir partagé ses possessions entre son épouse et ses enfants.
Après des partages successifs et la mort de leur frère Frank, Eva et Dorothy Taylor deviennent les principales propriétaires du domaine Taylor en 1960. Dorothy est née le 17 décembre 1889 et Eva, le 26 novembre 1894. Elles ont étudié à Québec. Eva enseigne un temps à l’école de Cumberland. Elle se rendra en Angleterre visiter le comté de Cumberland. Les deux sœurs vendent le domaine Taylor en 1975 et s’installent à North Hatley en Estrie. Dorothy Taylor meurt vers 1984.
Source :
Jean-René Breton, Église St. Paul (anglicane) Cumberland, histoire et analyse. 1847, Saint-Joseph, Société du patrimoine des Beaucerons, 1979, 60 p., ill.
Histoire des Taylor :
En 1736, le marquis de Beauharnois et Gilles Hocquart respectivement gouverneur et intendant de la Nouvelle-France concèdent à Gabriel Aubin de I'Isle, greffier de la maréchaussée une étendue de terrain de deux lieux de front par deux lieux de profondeur du côté nord-est de la rivière Chaudière. Cette seigneurie sera connue sous le nom d’Aubin de I'Isle.
Gabriel Aubin de I'Isle préfère la traite avec les Amérindiens à la mise en valeur de sa seigneurie. Selon Philippe Angers et Robert Vézina, iI y établit un poste de commerce. À son décès, le 8 Février 1747, il laisse sa seigneurie à ses six enfants: Marie-Louise épouse de P. Chabosseau, Marie-Gabrielle épouse de Étienne Fenin, Marie-Françoise mariée à Pierre Boisseau, Marie-Anne mariée à Guillaume Le Roy, Gabriel François décédé à Curasol et Françoise Ignace mariée à J.B. Gatien.
Quelque 46 ans après la concession de la seigneurie, John Collins, conseiller Iégislatif, se fait adjuger par sentence de la cour des Plaidoyers Communs du district de Québec le fief qu’il baptisera Cumberland. En effet, le 24 septembre 1782, il acquiert une partie de la liquidation de la succession Aubin de I'Isle de Dame Marie Françoise Ignace Aubin de I'Isle.
Sans y avoir installé de colons, John Collins cède le fief à Andrew Philipp Skeene, major de la brigade, le 27 juin 1790, Skeene installe quelques colons sur son fief, puis le cède à Édouard Harbottle, aubergiste de la Pointe Lévy, le 15 juin 1819. Le 16 juillet 1823, Édouard Harbottle vend son fief à William Torrance, marchand de Québec. Il semble qu’Édouard Harbottle se fasse concéder dans un contrat de la même date, une terre faisant face à l’île aux Pigeons de même que ladite île. II semble aussi que cette terre corresponde au premier domaine du fief avec ses dépendances.
Après en avoir fait l’acquisition, William Torrance fait exécuter un rapport d’arpentage par J.P. Proulx, a.g., du 26 au 29 septembre 1823. Il semble qu’après de mauvaises transactions William Torrance dût remettre le fief à Édouard Harbottle en 1827. En effet, E. Harbottle procède, dès cette année-là à de nombreuses concessions de terres dont une à Prisque Champagne. Philippe Angers dans "Les seigneurs et les premiers censitaires de Saint-Georges de Beauce" affirme que la tradition veut qu’Édouard Harbottle s’établit à Saint-Georges dès 1823, probablement sur la terre que lui avait concédée William Torrance sur la terre numéro 6 du premier rang, d’après le terrier primitif. "Ce n’est qu’après 1830, qu’il fit des défrichements considérables dans le cinquième rang de son fief où il se créa un domaine de quatre ou cinq acres". Il y construisit un manoir en pierres, un moulin de même que l’Église St-Paul en 1847. Après son décès survenu le 5 mars 1851, le domaine est quelque peu à I'abandon. La majorité de ses héritiers demeurant en Angleterre, c’est son neveu Édouard Harbottle Taylor qui achète le domaine lors de la vente effectuée par le shérif de Beauce, le 28 octobre 1867. Aux prises, semble-t-il avec des difficultés financières, Édouard Harbottle Taylor est constitué administrateur des biens de la famille Harbottle Taylor au Canada et du fief le 22 janvier 1875. Dans son testament du 13 mai 1905, Edouard Harbottle Taylor Iègue le fief à ses frères et sœurs. Ses frères Thomas John Taylor et James Bruce Taylor héritèrent des droits seigneuriaux du fief et à ses sœurs Margaret Jane, Helen, et Eva Isabella du manoir seigneurial. Thomas John Taylor hérite des terres du cinquième et du sixième rangs, du domaine et y construit en 1917-1918 l’actuelle résidence Taylor.
Le 15 avril 1933, il lègue à parts égales à sa femme Sarah Brack, à ses filles Dorothy Harbottle Taylor et Eva Elizabeth Taylor, de même qu’à ses fils Franck, Edgar et Fred, la maison qu’il fait construire en 1917. Ses trois fils héritent à parts égales des droits seigneuriaux sur le moulin, le 6e et le 5e rang du fief. Le 15 juillet 1934, Fred Taylor vend sa part d’héritage à ses frères Frank et Edgar. Le 26 avril 1943, Frank et Edgar Taylor, fermiers de Cumberland, se partagent les terrains du fief en leur possession. Dans son testament du 21 février 1944, devant le notaire J. Adélard Gilbert, Frank Taylor lègue à sa femme Mary Stull et à ses deux sœurs, Dorothy et Eva, tous ses biens en parts égales.
Au décès de leur frère Frank, Eva et Dorothy Taylor deviennent les principales propriétaires du domaine. Elles le vendent à M. Maurice Breton le 19 septembre 1975. Le même jour, M. Maurice Breton revendit ladite partie du Domaine à la Caisse d’établissement de la Chaudière. La Caisse d’établissement après avoir tenté de susciter un projet de réanimation du domaine par ses membres, se voit contrainte, pour de multiples raisons, de revendre le domaine, à M. Bertrand Poirier, le 20 février 1978. Depuis ce temps, M. Poirier a procédé au lotissement d’une grande partie des terrains acquis à la Caisse d’établissement et a procédé à de multiples ventes après avoir tracé une rue en forme de "U".